Densification
Une des notions centrales de la syntropie est la suivante :
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La syntropie est stimulée en maximisant intelligemment la densification dans le temps et dans l'espace.
La densification correspond concrètement à augmenter la quantité de verdure (et en particulier de feuillages) sur le terrain afin de maximiser la photosynthèse.
"Si tu as peur.. plante deux fois plus !" — Annëlle Thery
La densification se pense en :
- Strates : Il ne s'agit pas uniquement de planter au maximum en terme de surface, mais plutôt de penser en terme de volume, en remplissant autant que possible les différentes strates de hauteur.
- Succession : En plus de la densification spatiale, il faut d'envisager l'évolution d'un terrain de manière temporelle en anticipant des successions de plantes permettant d'entretenir la densification au fil du temps.
- Diversité : Si on souhaite effectivement maximiser le remplissage dans le temps et l'espace, encore faut-il faire cela de manière intelligente, en utilisant des plantes complémentaires qui peuvent travailler en symbiose, pour tirer entièrement parti de la complexité du vivant.
En pratique, la densification correspond à l'acte de semer/planter. Son principe miroir et complémentaire est la perturbation.
Avantages et apports
La densification est centrale en syntropie pour plusieurs raisons :
Plus de photosynthèse
L'apport principal de la densification est d'accroître la faculté du système à faire de la photosynthèse, c'est à dire à capter et stocker l'énergie du Soleil. Toute la biomasse ainsi créé sera bénéfique à l'ensemble des organismes présents, à moins d'être prélevée et sortie du système.
Maximiser la densité est particulièrement important en climat tempéré, où les conditions lumineuses sont moins favorables que vers les tropiques. L'idée est de reproduire une "jungle" miniature afin de se rapprocher de ces conditions.
Strates de luminosité
Si la lumière est essentielle à la photosynthèse, il s'agit d'un rayonnement trop concentré pour être capté directement par les plantes les plus fragiles. Il faut donc que la lumière soit répartie de façon intelligente entre les espèces présentes, en fonction de leurs besoins.
La densification joue encore ici un rôle central : les strates les plus hautes, formées de plantes assoiffées de lumière, permettent d'apporter de l'ombre aux strates suivantes. La multitude des étages offre un éventail graduel de niveaux de luminosité, permettant d'introduire tout autant de plantes aux besoins de lumière variés.
Conservation de l'eau
En syntropie, on vise à se passer de tout intrant. Avec ce terme, on pense souvent aux pesticides et autres engrais, mais il désigne en vérité tout élément extérieur introduit par l'Homme dans le système... y compris l'eau ! C'est à dire l'arrosage.
Pour minimiser — voire idéalement supprimer — l'arrosage, il faut que le système syntropique soit en mesure de conserver son eau. En effet, un arbre évapotranspire 99% de ce qu'il boit. Dans une monoculture, où toutes les plantes sont taillées à la même hauteur, cette humidité n'est pas retenue et est immédiatement emportée par le vent. Il en va de même pour l'eau du sol qui, puisqu'il est dégarni, laisse toute son eau s'évaporer.
La densification vient palier à ce problème : chaque strate agit comme un "plafond" sur lequel l'eau peut venir se condenser. La densité de la végétation protège le système du vent — et donc de l'assèchement — et créé un microclimat très localisé en format une sorte de cycle de l'eau miniature. Ce cycle permet à chaque goutte d'eau de circuler plusieurs fois dans le système, en alimentant alors bien plus de plantes que si elle s'était évaporée immédiatement.
Interactions plus nombreuses
Le vivant œuvre en systèmes, et un système est une somme d'interactions. Or, par simple rapprochement spatial, la densification permet d'accroître fortement la quantité d'interactions dans l'écosystème, permettant ainsi au vivant de déployer tous ses mécanismes de façon propice.
Protection contre les intempéries
Une forte densité de plantes créé également une carapace protectrice contre certains événements passager mais ravageurs :
- Par au dessus : les pluies de grêle et orages
- Par les côtés : les vents forts
En résumé :
Production vs. biomasse
Dans un écosystème sans intervention humaine — ou dans des espaces cultivés réservés à la régénération — la distinction entre biomasse et production n'a pas lieu d'être. L'ensemble des plantes du système sont à la fois le produit et la biomasse de ce dernier... ou aucun des deux ! Question de point de vue.
Mais dans des perspectives d'agriculture, une part organique plus ou moins grande est prélevée et sortie du système (légumes, fruits, bois, sève, etc.). On la nomme production. On peut donc faire la distinction suivante :
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Cependant, contrairement à l'agriculture conventionnelle qui se focalise uniquement sur des plantes de production (monoculture, potagers "classiques", etc.), la syntropie réserve une place importante aux plantes dédiées uniquement à constituer de la biomasse. Leur matière restera dans le système même après la phase de perturbation.
En effet, l'ensemble d'un jardin syntropique n'est pas dédié à être prélevé : de nombreuses plantes jouent un rôle dans la densification, sans être destinées à être transformées en produits.
"Au démarrage d’une plantation, on va installer entre 70 et 80 % de plantes pour leur biomasse" — Annëlle Thery